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Nous ne laisserons pas les travailleuses du sexe être réduites au silence

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/813975/idees-nous-ne-laisserons-pas-travailleuses-sexe-etre-reduites-silence

Sandra Wesley et Jenn Clamen, porte-paroles de Stella, l’amie de Maimie – un organisme Montréalais pour les droits des travailleuses du sexe depuis 1995.
Les cosignataires de cette lettre sont cinquante organismes nationales et québécoises féministes, de lutte contre la pauvreté, de défense des droits des personnes en situation d’itinérance, de santé et de défense des droits de la personne, profondément préoccupées par l’impact de la criminalisation et des idéologies carcérales sur les communautés marginalisées.

Nous ne laisserons pas les travailleuses du sexe être réduites au silence

Le 2 juin est la Journée internationale des travailleuses.eurs du sexe. En 1975, une centaine de travailleuses du sexe ont occupée l’église Saint-Nizier à Lyon, en France, pour exprimer leur colère face à la criminalisation et à l’exploitation de leurs conditions de vie. C’est l’un des moments où les travailleuses du sexe ont lutté pour l’égalité et la fin de la criminalisation de leur vie. Le 2 juin est également la date du 4e Congrès mondial pour l’abolition de la prostitution, qui se tiendra à Montréal du 1er au 3 juin 2024. Ce congrès promet d’apporter un discours haineux dans le but explicite d’éradiquer les travailleuses du sexe et de promouvoir des politiques répressives à l’encontre de certaines des communautés les plus marginalisées de Montréal.

L’idéologie prohibitionniste a un impact significatif sur la santé, la sécurité et les droits humains des personnes qui vendent ou échangent des services sexuels. Elle favorise la criminalisation et la présence de la police dans la vie des femmes les plus marginalisées de nos communautés; elle réduit au silence et dénigre les voix et les expériences des personnes qui travaillent dans l’industrie du sexe; et elle contribue à la violence et à la stigmatisation sociales et institutionnelles qui entraînent des discriminations à l’égard des travailleuses du sexe dans les services de santé, sociaux, juridiques et autres services institutionnels auxquels les travailleuses du sexe peuvent avoir besoin d’accéder pour faire face à ces oppressions. Toute action visant à « abolir » l’existence des travailleuses du sexe est incompatible avec l’objectif d’améliorer les conditions de vie et de travail, de mettre fin à la violence et à toutes les formes d’exploitation.

Ce rassemblement réunit certains des plus grands noms des mouvements prohibitionnistes et pro-carcéraux, un mélange d’extrémistes religieux et de féministes anti-trans. En tant qu’organismes féministes et de défense de droit nationaux et locaux, nous ne pouvons accepter que notre ville soit utilisée comme lieu de stratégie pour réduire les femmes au silence et leur faire du mal. Les travailleuses du sexe sont des membres importantes et précieuses de nos communautés qui méritent la protection de leurs droits de la personne, et non leur éradication.

Nous, féministes et défenseuses de l’égalité au sein des organismes nationaux et montréalais, croyons en une véritable égalité : l’inclusion active des communautés marginalisées qui subissent la violence, même lorsque cela nous remet en question ou nous pousse à adapter nos pratiques; l’écoute des personnes touchées; la mise au centre des besoins des personnes les plus marginalisées; et la lutte contre les méfaits du système carcéral envers les femmes qui sont sur-surveillées et sous-protégées. Nous croyons qu’il faut soutenir les femmes là où elles en sont et ne pas les exclure des services en raison de la manière dont elles gagnent leur vie. Nous croyons qu’il faut éliminer les obstacles qui empêchent les femmes marginalisées d’accéder à l’emploi, au logement et à d’autres opportunités. Nous voulons envoyer un message clair à toutes les femmes qui vendent ou ont vendu des services sexuels, quelles que soient les circonstances, pour leur dire que nous sommes solidaires avec elles et que nous dénonçons toutes les formes de violence, y compris celles qui sont encouragées par des événements tels que celui-ci.

National: Abolition Coalition; Action Canada pour la santé & les droits sexuels; Alliance Canadienne pour la réforme des lois sur le travail du sexe; Amnestie Internationale Canada; Amnesty Internationale Canada Francophone; Association Canadienne de santé publique; Centre Canadien pour l’autonomisation des femmes; DAWN Canada; Egale Canada; Enchanté Network; Fondation Canadienne des femmes (CWF); Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes (LEAF/FAEJ); Global Alliance Against Trafficking in Women (GAATW) Canada; Law and Society Association: Sex, Work, Law and Society Collaborative Research Network CRN6; Médécins du Monde Canada; Réseau juridique VIH; The Society of Queer Momentum

Québec: Action Santé Travesties et Transexuelles du Québec (ASTTeQ); Action LGBTQ avec les immigrant-e-s et les réfugié-e-s (AGIR); Alterhéros; Association Québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de Drogues (AQPSUD); Blitss; Cactus; CALACS de l’Ouest de l’Île; Centre communautaire des femmes sud-asiatiques; Centre de femmes La Marie Debout; Centre de lutte contre l’oppression des genres; Centre de solidarité lesbienne; Centre sida action Montreal; Cirque Hors Piste; Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-Sida); Comité autonome du travail du sexe (CATS); Dopamine; Émissaire; Fédération des femmes du Québec (FFQ); Femmes du Monde à Côte-des-Neiges; Fierté Montréal; Geipsi; House of Barbara; Iris Estrie; La Dispensaire; La Maison Marguerite; La Réplique Estrie; Le Centre des R.O.S.É.S. de l’Abitibi-Témiscamingue; Le Service d’intervention de Proximité; Le Piamp; Maison Plein Cœur; Maison Ré-ne Inc; Miels Quebec; Montreal Native Women’s Shelter, Iskweu Project; Passages; Point de repères; Portail VIH/sida du Québec; Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) ; Réseau de la santé sexuelle des sourds du Québec (RSSSQ); Rézo; Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society (SACOMMS); Sidalys; Solidarité sans frontières; Spectre du rue; Sweet Like Honey; Tandem Mauricie; Toxic-Actions; Université Concordia; Institut Simone de Beauvoir